Cannes 2021 : retour sur nos films préférés

Jean-Baptiste Chantoiseau, Spike Lee, président du jury du Festival de Cannes 2021, Raphaël Chantoiseau – Photo Samina Seyed

A l’heure où le Festival de Cannes 2022 approche à grands pas, l’équipe de Bien en place a souhaité revenir, en images et en vidéos, sur l’édition de l’an passé. En effet, le Festival de Cannes 2021 a été exceptionnel à bien des points de vue : Palme d’or remise à une femme réalisatrice, présence de Mylène Farmer dans le jury, rencontres inoubliables et inattendues. Ce Festival fut un grand cru et la magie de Cannes, dont parle si bien Thierry Frémaux dans son livre Sélection officielle (publié chez Bernard Grasset, 2017), a opéré à plein. Nul doute qu’il en sera de même en 2022 !

La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov

Coup de cœur absolu de Bien en place, La Fièvre de Petrov offre un univers et une esthétique comme seuls les grands réalisateurs russes – à l’instar de Tarkovski – savent en imaginer. La journée que traverse, telle une épopée interminable, Petrov, un dessinateur de bande dessinées en prise à une étrange maladie qui brouille ses perceptions, est symbolique de toute une époque. Certaines scènes – massacres de civils, fées inquiétantes dans une école… – relèvent-elles du réel ou de sa pure imagination ? Ce film, à la symbolique puissante, nous a entraînés dans un voyage puissant au bout de la nuit étoilée du septième art.

Memoria d’Apichatpong Weerasethakul

Raphaël Chantoiseau, Tilda Swinton, Jean-Baptiste Chantoiseau, Sandro Kopp – Festival de Cannes 2021 – Photo Samina Seyed

Un OVNI que ce film inattendu, tant sur le fond que sur la forme, par le célèbre et déjà récompensé Apichatpong Weerasethakul… et qui a, à nouveau, reçu un prix, bien mérité, lors du Festival de Cannes 2021. Une immense joie que de retrouver notre très chère Tilda Swinton dans cette quête initiatique et existentielle où son personnage – Jessica, cultivatrice d’orchidées – se retrouve exposée dans des espaces visuels et sonores captivants, dignes de l’Image-Temps de Gilles Deleuze. Un long-métrage hypnotique à tous points de vue.

Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi

Prendre l’écriture en cours de marche et déjà lancée, n’est-ce pas le rêve inconscient de tout scénariste, en herbe ou confirmé ? Ce road movie fascinant est assurément un morceau magistral de cinéma, adapté d’une nouvelle de Murakami. Les histoires ici se racontent, circulent et se déforment, à plus ou moins grande allure, entraînant le spectateur dans un récit cinématographique captivant du début à la fin, malgré la durée assez longue du film.

Le genou d’Ahed de Nadav Lapid

Raphael Chantoiseau, Avshalom Pollak, Nur Fibak, Jean-Baptiste Chantoiseau et Samina Seyed. Festival de Cannes 2022. Cérémonie de clôture

Voilà un film coup de point comme on les aime ! Nadav Lapid démarre avec une séquence où nous suivons une moto lancée à vive allure. Le premier mouvement de caméra tranche par son originalité en proposant un panoramique vertigineux. Le rythme est lancé ! Car le monde dans lequel nous vivons est violent et déstabilisant, tout particulièrement pour le héros, un cinéaste israélien qui accepte de présenter son film dans un village perdu dans le désert. Avec un humour parfois ravageur et une mise en scène redoutable et efficace, Nadav Lapid réussit son autoportrait, qui fait aussi office de miroir de notre époque.

Titane de Julia Ducournau

Une Palme d’or réjouissante et audacieuse : ainsi pourrait se résumer le Festival de Cannes 2021. En récompensant ce film hautement transgressif, réalisé par une femme, Julia Ducournau, le jury a souhaité rendre hommage à un univers hors normes, porté par une héroïne marginale, à l’identité incertaine et au corps hybride, entre machine et humain. Une fable dérangeante servie par une esthétique redoutablement maîtrisée. On a déjà hâte de découvrir jusqu’où cette réalisatrice ira pour la suite.

Un héros d’Asghar Farhadi

Jean-Baptiste Chantoiseau, Asghar Farhadi, Raphaël Chantoiseau au Festival de Cannes 2021 – Photo Samina Seyed

A travers le calvaire que va être amené à connaître son héros – ou anti-héros ? – Asghar Farhadi propose une parabole de la société iranienne – et plus généralement de nos sociétés où le mensonge entraîne le mensonge et où les réseaux sociaux décuplent les phénomènes avec une violence vertigineuse. Des acteurs à la mise en scène, ce film entraîne le spectateur dans un cercle infernal captivant.

Jean-Baptiste Chantoiseau, Amir Jadidi, Raphaël Chantoiseau – Festival de Cannes 2021 – Photo Samina Seyed

Hytti N°6 (Compartiment n°6) de Juho Kuosmamen

Dans un train en Russie, toutes sortes de rencontres peuvent se produire, heureuses ou malheureuses et elles sont toujours susceptibles de s’inverser. La traversée du pays de la jeune étudiante finlandaise de ce film s’avère une authentique éducation sentimentale, tout en images et en son, d’une très grande poésie. Un prix bien mérité pour Juho Kuosmamen et un très bel aller sans retour pour le ravissement du spectateur !

Bergman’s Island de Mia Hansen-Love

Jean-Baptiste et Raphaël Chantoiseau, Vicki Krieps et Tim Roth lors de l’afterparty de « Bergman’s Island » sur la Croisette, Festival de Cannes 2021

Les amoureux de Bergman que nous sommes se sont laissés embarqués sur cette île, où le prodigue du septième art a brillamment sévi pendant tant de décennies. Quelle meilleure terre rêver pour une retraite d’écriture et un retour de l’inspiration ? Mais après avoir découvert les lieux touristiques et mythiques liés à Bergman, il est bon aussi de perdre ses repères et ce sont tous ces moments où le film bascule vers d’autres dimensions – fantastiques et inattendues – qui nous ont particulièrement séduits !

Annette de Léos Carax

Annette de Léos Carax est une œuvre opératique magistrale, où l’on sent combien le réalisateur s’est investi et a donné de lui-même. Des images à couper le souffle dépeignent l’ascension d’une jeune héroïne, Annette, à la voix en or, mais qui n’est qu’une marionnette entre les mains d’un père, peut-être mal ou du moins maladroitement intentionné… Ce très grand film, touchant et sublime, méritait amplement le prix qui lui a été décerné.

Les Intranquilles de Joachim Lafosse

Last but not least Joachim Lafosse bouleverse avec ce dernier coup de cœur de Bien en place. Le spectateur vibre en partageant le quotidien mouvementé de cette famille, dont le père est sous l’emprise d’une émotivité et d’impulsions incontrôlables, malgré tous ses efforts et l’amour des siens. Les interprètes, tous magnifiques, servent ce scénario habillement construit, qui donne vie à un récit audiovisuel touchant.

Et rappelons que nous avions consacré un article à Tre Piani de Nanni Moretti, notre palme de l’émotion 2021.

Ces films nous ont tant fait rêver et nous donnent des envies de festival ! Par avance, très bon Cannes 2022 !

Raphaël et Jean-Baptiste Chantoiseau, Festival de Cannes 2021 – Photo Samina Seyed

La rédaction de Bien en place

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