La rédaction de Bien En Place a eu un vrai coup de coeur, cette année, au Festival de Cannes pour le premier film de Ida Panahandeh, Nahid (Iran, 1 h 42).
Le drame a l’efficacité d’une tragédie classique : « Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de dix ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la loi iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de le céder à son ex-femme à condition qu’elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l’aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère » (synopsis du film).
Les images dès l’ouverture sont d’une beauté confondante, teintée de mélancolie. On pensera, en particulier, aux plans de l’héroïne, dos à la caméra, contemplant un ciel nuageux sur une plage déserte et grise. L’art de la composition et de la peinture ne sont jamais bien loin, dans un style romantique propre à évoquer Caspar Friedrich, en particulier son Moine au bord de la mer.
Si l’on compare ce film au chef-d’oeuvre de Asghar Farhadi, A propos d’Elly, qui propose aussi une ambiance aquatique, on sera tenté de dire que là où la mer, chez le réalisateur iranien, est teintée d’angoisse et de mystère, ici elle accompagne une réflexion, plus douce, plus triste aussi mais avec toujours une espérance, tant les vagues, même sur un ciel gris, symbolisent toujours le retour de la vie, dans tous ses aléas, ses hauts et ses bas…
De fait, le film plonge le spectateur dans une tempête intérieure; celle d’une femme, déchirée entre les liens du sang qui l’unissent à son fils, la chair de sa chair, et son désir d’un horizon nouveau aux côtés d’un homme solide comme un roc; homme qui est aux antipodes de son premier mari, un cousin avec lequel elle a été unie trop vite, trop jeune.
Le drame est servi par un jeu d’acteurs remarquable, tant en ce qui concerne les enfants que les adultes, ce qui témoigne de la sensibilité extrême de la réalisatrice. Car loin de n’être qu’une simple contemplation, ce long-métrage, non dépourvu d’un certain humour (on pensera au fameux divan rouge), est traversé de poussées violentes qui en font une fable à la fois intime et sociale.
Présenté en compétition dans la sélection « Un certain regard », le film a remporté le Prix de l’avenir ex aequo ; prix qui lui a été remis par Isabella Rossellini, présidente du jury.
L’équipe de Bien En Place a eu la chance de pouvoir rencontrer à Cannes l’équipe du film.
Nous soutenons fort ce premier long-métrage et espérons le voir sortir sur les écrans français et mondiaux dans un avenir proche.
La rédaction de Bien En Place.