« J’ai vidé des placards où s’étaient entassés les souvenirs poussiéreux, les vieux trousseaux de clés, les étoles défraîchies et démodées, les photos de famille, les monceaux de papiers accumulés depuis des dizaines d’années. » Ces mots, avec lesquels Anne Sinclair conclut le prologue de son livre 21, rue La Boétie (Grasset, 2012) annonçaient un ouvrage passionnant qui s’est transformé, depuis le 2 mars et jusqu’au 23 juillet 2017, en exposition au musée Maillol.
« 21 rue La Boétie. Picasso, Matisse, Braque Léger… » : tel est le titre retenu, avec à l’affiche un casting de prestige. Salle après salle, une pléiade de chefs-d’œuvre redonnent vie à l’incroyable collection de Paul Rosenberg, le grand-père d’Anne Sinclair, qui avait installé sa galerie 21 rue la Boétie il y a plus de cent ans, en 1910.
L’immense intérêt de cette exposition tient dans un savant équilibre entre parcours historique, explications pédagogiques et part belle laissée à la puissance de l’esthétique picturale, à travers une série d’œuvres vibrantes qui, contrastant avec la linéarité chronologique, nous arrachent au temps.
Epopée d’une famille de collectionneurs, illustration des rapports marchands d’art – peintres, hommage aux avant-gardes audacieuses qui ont marqué le siècle dernier : un tel triptyque fait du pari d’Anne Sinclair une vraie réussite, saluée, le soir du vernissage, par l’ancien premier ministre, M. Manuel Valls.