A quelques heures du verdict, voici les coups de cœur de Bien en place pour ce 78e festival de Cannes ! Beaucoup de bons et de très bons films cette année, parfois inattendus. Si les favoris ont pu décevoir (Eddington, Die my love, The Phoenician Scheme…), bien d’autres longs-métrages ont créé la surprise voire l’événement.

N°1 : Jafar Panahi, Un simple accident
Un film extrêmement réussi pour ce réalisateur longtemps emprisonné en Iran. De cette expérience douloureuse, il a su tirer la matière d’un scénario subtile, parfois métaphorique, qui souligne les traumatismes d’une société. Brillant et notre Palme assurément.

N°2 : Mascha Schilinski, Sound of Falling
Présenté en début de compétition, ce film est resté gravé dans nos mémoires. Il présente les destinées de 4 générations de femmes en Allemagne, dans une ferme. Les cadrages, l’esthétique, qui transforment les êtres en œuvres du passé, le travail sur le son et la sensibilité qui sourd de toutes les images en font un vrai bijou porteur de sens.

N°3 : Mendonça, L’Agent secret
La fin très réussie et émouvante du film nous a convaincus. Le réalisateur revisite le genre du policier tout en introduisant une fascinante galerie de personnages. Il parvient à interroger la mémoire et l’histoire de son pays à partir le destin d’un être hors normes et de son fils.

N°4 : Julia Ducournau, Alpha
Contrairement à ce que l’on a pu lire ou là, le film est loin d’être une déception. Le trio des acteurs – Golshifteh Farahani, Tahar Rahim et Melissa Boros – est bleffant ! Avec l’esthétique prononcée et personnelle qu’on lui connaît, Julia Ducournau porte un regard acéré sur le monde qui nous entoure, entre épidémies, délitement des familles et dureté des rapports sociaux.

N°5 : Olivier Laxe, Sirât
La rédaction est plus divisée sur ce film, qui occupe de fait une position médiane dans le classement. Il faut reconnaître, quoi qu’il en soit, la force des images de ce long-métrage apocalyptique qui rassemble un père et un fils cherchant leur fille/sœur avec un groupe de marginaux amateurs de rave party et qui naviguent dans le désert marocain. Belle réflexion sur une humanité en perdition.

N°6 : Richard Linklater, Nouvelle vague
Belle surprise que cette plongée, en noir et blanc, dans le making off du film culte A bout de souffle de Godard. Le collectif d’acteurs est remarquable et le scénario comme le montage procurent un rythme haletant, au plus près de la création. Une vraie pépite.

N°7: Bi Gan, Résurrection
Ce film chinois, annoncé à la dernière minute en compétition, est un véritable OVNI. L’auteur retrace l’histoire du 7e art, avec un démarrage reprenant l’esthétique du muet et ses cartons. Puis le récit filmique évolue, comme la vie, comme les rêves. La mémoire d’un être jusqu’à sa mort y est interrogée de manière très poétique et puissante. Une pépite.

N°8 : Olivier Hermanus, The History of Sound
Paul Mescal et Josh O’Connor forment un duo très émouvant et convaincant. Le film aborde la difficulté et la délicatesse d’une relation homosexuelle interdite dans l’Amérique profonde du début du siècle dernier. A ces destins, s’ajoutent une union autour d’une passion pour la musique, les chansons populaires et leur collecte. Un très joli film qui ne force pas les choses et se distingue par le doigté de son réalisateur.

N°9 : Joachim Trier, Sentimental Value
Une grande fable cinématographique à la Bergman et un jeu savamment orchestré entre vie privée et création au sein d’une famille tourmentée, dont la maison est l’emblème. Mise en scène très réussie et actrices au sommet.

N°10 : Hayakawa Chie, Renoir
Une petite fille singulière fait de Renoir un film inclassable. Ce long-métrage déroute, avec un goût pour l’au-delà et le divinatoire. La jeune actrice est stupéfiante et le récit d’une inquiétante étrangeté qui nous ravit.

Film bonus : la surprise des frères Dardenne
Nous avions été déçus par leurs derniers opus mai avec Jeunes Mères, les frères Dardenne signe un film touchant, vivant, avec un collectif d’actrices très attachant et un scénario qui force moins les choses.