« Écrit, langue et littérature : le texte comme objet de collection, à travers l’exemple des maisons d’écrivains » JOURNÉE D’ÉTUDE │ CYCLE « CE QU’EXPOSER VEUT DIRE »
« Mais les Lettres… Quoi de plus abstrait que l’activité littéraire ? Que faire voir ?1 » s’exclamait, non sans un brin de provocation, Paul Valéry, en 1937, à un moment où il réfléchissait, précisément, à un musée de la littérature qui vit le jour, cette année-là, de manière éphémère, lors de l’Exposition internationale des Arts et techniques. Comme le note Jean Davallon dans son livre « L’Exposition à l’œuvre », la première question – pas toujours évidente – qu’un commissaire, la plupart du temps, se pose est la suivante : comment présenter l’objet sélectionné de manière à mettre en évidence son immense intérêt aux yeux du spectateur ? Mais, dans le cas d’une exposition littéraire, la problématique est encore plus déroutante : que vais-je bien pouvoir montrer ?
La question qui se pose est la suivante : comment orchestrer ce « passage du lisible au visible », dont parle Alain Fleischer, tant il est vrai que, par définition, tout texte « s’expose à la lecture, non à la contemplation visuelle » ? De quelle manière rendre sensible l’activité littéraire et rendre justice au cortège d’images, à ce sentiment de liberté infinie qui s’empare de tout lecteur plongé dans les délices d’un roman inspirant ?
Cette conférence de Jean-Baptiste Chantoiseau revient sur la manière dont on peut exposer l’écrit en 2025 à travers l’exemple des 4 musées littéraires de la métropole Rouen Normandie qu’il dirige: la maison natale de Pierre Corneille, près de la place du Vieux-Marché, à Rouen ; le musée Flaubert et d’histoire de la médecine, rue de Lecat, à Rouen ; la Maison des Champs / musée Pierre Corneille de Petit-Couronne et le musée-pavillon Flaubert à Croisset-Canteleu.
Renouveau des quatre maisons d’écrivain, équilibre entre collections permanentes et expositions, introduction de dispositifs interactifs et co-construction, accessibilité, travail en réseau et politique d’acquisition dynamique constituent autant de pistes porteuses d’avenir. Il s’agit en somme de sortir le champ littéraire de son pré carré afin de l’aborder dans un cadre élargi où la culture visuelle et sonore doivent trouver leur place, tout comme les appropriations culturelles diverses et variées de la littérature par la société, particulièrement à l’heure du numérique. C’est ainsi que naîtront de fructueux dialogues entre musées, littérature, visiteurs et lecteurs, au sein d’une réelle expérience commune.